Principes :
Ce qui est premier du point de vue de la connaissance, soit à titre de proposition indémontrable posée au fondement d'une déduction ou de développement d'une théorie, soit à titre d'hypothèse explicative fondamentale.
voir une lettre à CLERSELIER . juin ou juillet 1646.
[Des principes.]
Le mot de principe se peut prendre en divers sens et [...] cest autre chose de chercher une notion commune, qui soit si claire et si générale quelle puisse servir de principe pour prouver lexistence de tous les êtres, les Entia, quon connaîtra par après ; et autre chose de chercher un être, lexistence duquel nous soit plus connue que celle daucuns autres, en sorte quelle nous puisse servir de principe pour les connaître. Au premier sens, on peut dire que impossibile est idem simul esse et non esse (il est impossible que ce qui est ne soit pas) est un principe, et quil peut généralement servir, non pas proprement à faire connaître lexistence daucune chose, mais seulement à faire que, lorsquon la connaît, on en confirme la vérité par un tel raisonnement : il est impossible que ce qui est ne soit pas ; or je connais que telle chose est; donc je connais quil est impossible quelle ne soit pas. Ce qui est de bien peu dimportance, et ne nous rend de rien plus savants. En lautre sens, le premier principe est que notre Ame existe, g cause quil ny a rien dont lexistence nous soit plus notoire. Jajoute aussi que ce nest pas une condition quon doive requérir au premier principe, que dêtre tel que toutes les autres propositions se puissent réduire et prouver par lui ; cest assez quil puisse servir à en trouver plusieurs, et quil ny en ait point dautre dont il dépende, ni quon puisse plutôt trouver que lui. Car il se peut faire quil ny ait point au monde aucun principe auquel seul toutes les choses se puissent réduire ; et la façon dont on réduit les autres propositions à celles-ci : impossibile est idem simul esse et non esse, est superflue et de nul usage ; au lieu que cest avec très grande utilité quon commence à sassurer de lexistence de Dieu, et ensuite de celle de toutes les créatures, par la considération de sa propre existence.