Certitude :

Adhésion sans réserve de l'esprit.

Voir Principes de la philosophie, 4e partie, § 206 et § 206 :

205. (2-e néanmoins on a tine certitude

Les choses de ce monde sont telles p’il

qz4’eZ~e.s pewent être morale, que toutes a été ici démontré Mais néanmoins, afin que je ne fasse point de tort à la vérité, en la supposant moins certaine qu’elle n’est, je distinguerai ici deux sortes de certitudes. La première eSt appelée morale, c’est-à-dire suffisante pour régler nos moeurs, ou aussi grande que celle des choses dont nous n’avons point coutume de douter touchant la conduite de la vie, bien que nous sachions qu’il se peut faire, absolument parlant, qu’elles soient fausses. Ainsi ceux qui n’ont jamais été à Rome ne doutent point que ce ne soit une ville en Italie, bien qu’il se pourrait faire que tous ceux desquels ils l’ont appris les aient trompés. Et si quelqu’un, pour deviner un chiffre écrit avec les lettres ordinaires, s’avise de lire un B partout où il y aura un A, et de lire un C partout où il y aura un B, et ainsi de substituer en la place de chaque lettre celle qui la suit en l’ordre de l’alphabet, et que, le lisant en cette fason, il y trouve des paroles qui aient du sens, il ne doutera point que ce ne soit le vrai sens de ce chiffre qu’il aura ainsi trouvé, bien qu’il se pourrait faire que celui qui l’a écrit y en ait mis un autre tout diffé-rent, en donnant une autre signification à chaque lettre : car cela peut si difficilement arriver, principalement lorsque le chiffre contient beaucoup de mots, u’il n’est pas moralement croyable. Or, si on   considère combien de diverses propriétés de l’aimant, du feu, et de toutes les autres choses qui sont au monde, ont été très évidemment déduites d’un fort petit nombre de causes que j’ai proposées au commencement de ce traité, encore même qu’on s’imaginerait que je les ai supposées par hasard et sans que la raison me les ait persuadées, on ne laissera pas d’avoir pour le moins autant de raison de juger qu’elles sont les vraies causes de tout ce que j’en ai déduit, qu’on e  a de croire qu’on a trouvé le vrai sens d’un chiffre, lorsqu’on  le voit suivre de la signification qu’on a donnée par conjecture à chaque lettre. Car le nombre des lettres de l’alpha-bet eSt beaucoup plus grand que celui des premières causes que j’ai supposées, et on n’a pas coutum  de   mettre tant de mots  ni même tant de lettres, dans un chiffre, que j’ai déduit d  divers effets de ces causes.

206. Et même p’on en a une certitude phs pe morale. L’autre sorte de certitude eti lorsque nous pensons qu’il n’est aucunement possible que la chose soit autre que nous la jugeons. Et elle e$t fondée sur un principe de métaphysique très assuré, qui eSt que Dieu étant souverainement bon et la source de toute vérité, puisque c’est lui qui nous a créés, il est certain que la puissance ou faculté qu’il nous a donnée pour ditiinguer le vrai #avec le faux, ne se trompe point, lorsque nous en usons bien et qu’elle nous montre évidemment qu’une chose est vraie. Ainsi cette certitude s’étend à tout ce qui eSt démontré dans la mathématique; car nous voyons clairement qu’il eSt impossible que deux et trois joint  ensemble fassent plus ou moins que cinq, ou qu’un carr  n’ait que trois côtés, et choses sembla-bles. Elle s’étend aussi à la connaissance que nous avons qu’il y a des corps dans le monde, pour les raisons ci-dessus expliquées au commencement de la seconde partie. Puis ensuite elle s’étend à toutes les choses qui peuvent être démontrées, touchant ces corps, par les prin-cipes de la mathématique ou par d’autres aussi évidents et certains; au nombre desquelles il me semble que celles que j’ai écrites en ce traité doivent être reçues, au moins les principales et plus générales. Et j’espère qu’elles le seront en effet par ceux qui les auront examinées en telle sorte, qu’ils verront clairement toute la suite des déduc-tions que j’ai faites, et combien sont évidents tous les principes desquels je me suis servi; principalement s’ils comprennent bien qu’il ne se peut faire que nous sentions aucun objet, sinon par le moyen de quelque mouvement local que cet objet excite en nous, et que les étoiles fixes ne peuvent exciter ainsi  aucun mou-vement en nos yeux, sans mouvoir aussi en quelque façon toute la matière qui eSt entre elles et nous, d’où il suit très évidemment que les cieux doivent être fluides, c’est-à-dire composés de petites parties qui se meuvent séparément les unes des autres, ou du moins qu’il doit y avoir en eux de telles parties. Car tout ce qu’on peut dire que j’ai supposé, et qui se trouve en l’article 46 de la troisième partie, peut être réduit à cela seul que les cieux sont fluides. En sorte que ce seul point étant reconnu pour suffisamment démontré par tous les effets de faumière, et par la suite de toutes les autres choses que j’ai expliquées, je pense qu’on doit aussi reconnaître que j’ai prouvé par démonstration mathématique toutes les choses que j’ai écrites, au moins les plus générales qti concernent la fabrique du ciel et de la terre, et en la façon que je les ai écrites : car j’ai eu soin de proposer comme outeuses toutes celles que j’ai pensé l’être.